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LA !! CARTE POSTALE !!!!

Le 6 août 2023

A peine remis des étoiles, dont une filante, vues la nuit dernière, nous sortons notre nez de la tente vers 8h00. Le camping Beara se classifie lui-même en tant que camping familial, traduire, camping rustique, voir hyper rustique… Ainsi, lorsque nous nous rendons aux douches, nous accostons dans des cabines faite-mains. Ce ne sont clairement pas des douches raffinées, luxueuses voir confortables. Leur objet est de laver une personne avec de l’eau à priori potable plutôt chaude, en station debout. Après tout, allons à l’essentiel. Une fois propres, nous rejoignons la salle à manger du camping. Hier soir en arrivant, nous avions tenté de négocier un breakfast irlandais. Sans succès, le papy-patron du camping, nous a lâché un : « Le dimanche, c’est un petit déjeuner simple » (un peu comme les douches en fait !). Donc pain-beurre-confiture-thé, point-barre. Raté le copieux Irish Breakfast… Temps fort durant ce temps de régénération, la patronne a repéré que l’autre couple également présent dans la salle était français. Nous la voyons quitter la pièce avec l’air de quelqu’un qui va faire une farce. Quelques secondes plus tard, l’espace s’emplit de la voix de Michel Sardou chantant ses fameux Lacs du Connemara ! Nous regardons les jeunes à l’autre bout de la pièce, qui eux nous regardent. Nous ne savons plus que faire, rire ? Sourire ? Prendre une pose martiale comme si nous écoutions notre hymne national ? La patronne nous sauve, revenant avec un large sourire, fière de nous faire un tel honneur. Nous optons donc pour un large sourire enjoué accompagné d’un superbe "well done" ! Une fois encore, Sacré Michel ! Pégase étant chargé avant le petit déj ! nous décollons directement après avoir définit le parcours. Pour rappel nous nous trouvons dans le 3éme doigt (3éme péninsule du Sud-Ouest Irlandais). Or un point dur apparaît sur le tracé, une montée à 17%. Vous savez, celle que l’on regarde en levant franchement la tête…  Et nous ne souhaitons pas la gravir. Aussi, nous cherchons une modification du parcours pour trouver un passage moins raide sur cette ligne de crête qui barre notre route.

A force, nous trouvons la faille, que 12%, YES !! Et c’est parti, au bout de 3 kilomètres premier mur, bien casse-pattes. Le revêtement est dégradé, la route devient un chemin légèrement revêtu, les difficultés arrivent, stratégie habituelle, Marie Anne continue à pied, Fifi sur l’électricité monte la pente, soufflant comme une vieille locomotive à vapeur, mince, sûr qu’il n’y a que 12% ?

Un coup de montagnes russes, une petite descente, puis une solide montée qui ne cesse de nous élever de plus en plus au-dessus du niveau de la mer. À l’effort physique, s’ajoute le passage des voitures qui nous doublent sur cette voie étroite, la pente est telle que pour réaccélérer les roues patinent, le moteur ahane.  Nous finissons trempés de sueur par arriver au sommet de ce chemin de chèvres. Le soleil est là, il y a même de gros morceaux de ciel bleu ! La montée commence à faire le dos rond, s’aplanit. Puis, LE CHOC ! De l’autre côté du sommet nous découvrons une sublime carte postale, nous somme comme Alice quand elle découvre le monde de l’autre côté du terrier du Lapin. Nous sommes subjugués, tout y est, la mer qui scintille, au fond sur l’horizon une haute et massive île surgit de l’océan, la montagne est présente avec ses forêts de sapins vert sombre qui s’ébrouent jusqu’au bord du rivage.

Les petits bateaux qui brodent leur sillage argenté dans des baies chantournées, la côte rocheuse entrecoupée de petites plages aux sables d’or. Fifi subjugué, met Pégase sur la béquille, puis demande à Marie un temps-mort. Nous nous asseyons sur une large roche plate posée à flanc de montagne, 5, 10, 15 minutes passent, nous dégustons la lumière, l’harmonie du paysage, les couleurs sous le soleil.

Bientôt une demi-heure que nous nous gavons de ce bonheur visuel. Avant de risquer une indigestion, nous remontons sur notre monture et bonheur suprême nous attaquons la descente. Non ! c’est plutôt la descente qui nous attaque. Nous avons le même pourcentage qu’à la montée et avec nos 246 kilos de poids total roulant ça pousse dur, alors nous remercions nos freins à disque qui nous aident à maitriser notre trajectoire. Nous finissons par arriver en bas du versant. Oups !!! au détour d’un virage, un vieux papy au volant d’un vieux pickup plein gaz en début d’ascension, manque de nous enlever les sacoches droites du tandem. Coup de frein des deux côtés, c’est passé juste, Fifi grommelle quelques propos injurieux dont lui seul a le secret. Nous nous raccordons à une gentille route serpentant au milieu des sapins. Le ciel bleu tient bon, super. Au détour d’un virage, une adorable petite baie vient sourire tout au bord de la route. Il est basse mer et un vieux bateau ajoute à la beauté du lieu. Nous stoppons, et allons voir l'équipage qui bosse sans faillir. Le propriétaire, très fier de lui, nous explique qu'il s'agit d'un bateau de sauvetage de la Royal National Life Boat Institution (équivalent de la SNSM) construit en 1929 et qui a sauvé plus de 100 personnes.

 

Je vous épargne les détails car nous en aurions pour des heures… Après 45 minutes d’échanges conviviaux, nous repartons en laissant derrière nous ce morceau de paysage échappé des rives du fleuve Saint Laurent, trop beau l’endroit !!! Nous nous apprêtons à gravir une route vers le Col des Chèvres qui une fois franchi nous donnera accès à une très longue descente. Et là, surprise, nous retrouvons un cycliste rencontré à Inch Beach il y a 3 jours (si, si, souvenez-vous celui qui nous avait offert ses frites). Il est à moins de 100 mètres de nous. Nous le prenons pour cible, ou plutôt pour lièvre et lui filons le train façon « on ne lâchera rien ». Il nous repère et une montée infernale commence. Notre challenge nous aide à maitriser le pourcentage de 14%. Nous souffrons, nous soufflons, nous suons. Notre objectif mobile a repris un peu d’avance. Nous revenons sur lui, quel duel. Enfin nous arrivons au col à moins de 20 mètres derrière notre relais sous une pluie fine. Aussitôt nous nous parlons, nous reconnaissons. Il est basque du Guipuscoa et fort sympathique. Nous récupérons, il repart avant nous et c’est très rigolo de le voir d’abord cycliste, puis point descendant cette magnifique pente, puis petit point et enfin disparaitre derrière une dernière courbe. A notre tour d’avoir le plaisir de se laisser descendre, d’accélérer, de négocier des virages en épingle, nous approchons un petit village au bord de l’eau, au Sud de la péninsule, le traversons à un train d’enfer. Nous roulons le long du rivage, magnifique succession de roches déchiquetées, de champs verts plongeant dans l’eau salée bleu marine. Castletownbere nous ouvre ses portes, il s’agit d’un des premiers ports de pêche d’Irlande.

Protégé par l’île Bere, il abrite de très gros chalutiers, amarrés, serrés comme d’énormes oisillons au fond de leur nid. Nous reprenons la route côtière, petite brise, un peu de soleil à travers les nuages et luxe suprême la grosse pluie semble nous avoir oublié ! Mais là, pas un mot au risque de la faire venir, serions-nous devenus superstitieux ? Une pause goûter en belvédère avec une vue magnifique sur l’océan nous fait rencontrer des belges qui étonnés par Pégase, nous bombardent de questions sur l’engin, le voyage et ses petites difficultés, nos réponses les laissent perplexes, nous nous saluons, ils remontent dans leur fourgon et nous repartons chacun à notre vitesse. L’étape du jour arrive enfin, en fond de baie, au Nord de Bantry. Eagle Point est un énorme camping, rempli de rutilantes caravanes et très peu de tentes, situé juste en bord de mer. Du fait du Banking Day (jour férié), tout est complet, mais l’hôtesse nous trouve une grande aire enherbée pour nous tout seul, au moins il y a un avantage à voyager avec du petit matériel.

Le tour du camping nous permet de constater que certains emplacements sont les pieds dans l’eau, vraiment pas mal, on quitte son canoë, un pied sur le rivage et l’autre dans la tente (ou presque). Fifi va faire l’aigle à la pointe d’Eagle Point.

Préparation du diner, bonne douche chaude (ça existe) re-balade et au lit, avec l’idée de se faire demain une visite de Bantry, lieu où la Marine Royale Française avait tenté une opération de débarquement (ratée), décidée par Louis XIV en 1689, afin d’aider les irlandais à se libérer du joug anglais. Et ce soir le soleil (enfin) se couche sur un équipage bien fatigué mais heureux de ne pas s'être fait tremper !

Oh ! la belle queue de baleine...

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